Colloque international « Villes et santé mentale » : retour sur l’intervention de Charlotte Marchandise

Le colloque international « Villes et santé mentale », qui s’est tenu à Nantes du 1er au 3 décembre 2022 a été l’occasion de riches débats et interventions sur le sujet : la diversité des domaines d’expertise des participants (santé publique, urbanisme, architecture, psychiatrie, etc.) a permis une approche pluridisciplinaire, intersectorielle des enjeux liés à la santé mentale et à la cité.

De ce colloque a notamment résulté « l’Appel de Nantes » – auquel nous avons consacré un article – lancé le 2 décembre par des villes françaises et internationales, ainsi que par des réseaux d’élus locaux, afin d’inviter les villes, mais aussi les pouvoirs publics à s’engager dans des actions en faveur de la santé mentale des populations.

Parmi tous les riches temps d’échange de ce colloque, nous reviendrons ici sur la table ronde qui s’est tenue le 1er décembre sur le thème « Comment concilier l’urbain et la santé mentale?« . Parmi les intervenants, citons Jean-Luc Roelandt, psychiatre et directeur adjoint du CCOMS, mais également Charlotte Marchandise, consultante en santé publique.

Il s’agit là, en réalité, de l’une de ses nombreuses « casquettes » : elle fut, de 2014 à 2020, adjointe à la mairie de Rennes, en charge de la santé et de l’environnement – à ce titre, le premier poste pérenne (en CDI) de coordonnateur de CLSM fut créé sous sa mandature. Durant la même période, elle a également été présidente du réseau français des « Villes-Santé » de l‘OMS, ce qui lui a permis d’œuvrer à la création d’un plaidoyer national en santé « urbaine ».

Des déterminants de la santé, il est largement question durant cette table ronde : l’environnement, et par conséquent l’urbain, font partie des déterminants majeurs de la santé, et donc de la santé mentale. Pour Charlotte Marchandise, la santé est un choix politique auquel il faut associer tous les acteurs de la cité, et que les décideurs politiques (villes et collectivités territoriales, mais aussi État) doivent prendre à bras le corps. Il ne suffit pas, néanmoins, de s’emparer du sujet, et d’avoir de bonnes solutions – la « prévention » est bien un mantra des politiques de santé depuis 2014.

Elle rappelle, en effet, que la technicité des sujets requiert un effort de formation de tous les acteurs des politiques de la santé. Autrement dit, des financements sont nécessaires ; comme elle le dit avec un certain sens de la formule, « il y a l’amour, et il y a des preuves d’amour ». Les CLSM, ainsi que leurs coordonnateurs ne doivent pas être tributaires de logiques sécuritaires – comme cela a été le cas dans certaines mairies -, mais doivent constituer, à tous les échelons de la politique de la ville, une interface pérenne pour la mise en place de stratégies nationales. Et pour cause : seule une stratégie nationale permettra de tenir compte des inégalités de santé entre les territoires. Seul un plaidoyer commun, un projet commun et unifié permettront une prise de conscience des déterminants de la santé, et des inégalités de santé.

Enfin, pour sortir de l’« incantation », il faut, selon elle, dédier au moins 1% de tout budget municipal à la santé, avec une approche globale : l’ensemble des politiques urbaines ont un impact sur la santé et, pour cette raison, les « référents santé » doivent être intégrés à l’intégralité des processus décisionnels relatifs à l’urbanisme.

Charlotte Marchandise fait donc montre d’une approche systémique de la santé (mentale), que nous saluons – elle est aussi la nôtre.