Santé (mentale) et changement climatique : le Centre était présent aux Rencontres nationales des Villes-Santé 2023
Ces rencontres, organisées par le Réseau français des Villes-Santé, se sont tenues à Nice les 13, 14 et 15 juin 2023 sur le thème « Santé et changements climatiques : allier atténuation, adaptation et prévention en santé ». Compte-rendu.
Ces rencontres ont d’abord été l’occasion de rappeler plusieurs constats.
En effet, la dégradation de la qualité des milieux notamment par la présence de pollutions d’origine humaine, la perte de biodiversité et le changement climatique sont des enjeux majeurs qui mettent à l’épreuve nos sociétés. Outre leurs impacts sur l’environnement, ils ont des effets sur la santé humaine : augmentation des maladies chroniques, raréfaction de l’eau potable, mortalité et morbidité dues à l’exposition à la chaleur, etc. Ces impacts varient, bien sûr, selon les publics touchés, de telles sortes que les transformations climatiques renforcent les inégalités sociales de santé.
Au-delà de la santé physique, ces dernières nuisent également à la santé mentale. Elles entraînent, globalement, une exacerbation de l’anxiété face au changement climatique – souvent dénommée « éco-anxiété » –, une plus forte prévalence de stress post-traumatique du fait de la multiplication et l’aggravation des catastrophes naturelles (incendies, inondations…), ou encore une augmentation des décompensations psychiatriques liées aux fortes chaleurs, comme l’a rappelé Antoine Pelissolo, chef de service dans le Pôle de psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil.
Ainsi, lutter contre le changement climatique permet non seulement d’améliorer la santé (y compris mentale) en réduisant les conséquences néfastes dont il est à l’origine, mais aussi surtout de promouvoir un sentiment d’espoir et d’engagement envers un avenir plus sain : à ce titre il convient de citer la Charte de l’OMS pour le bien-être (2021) qui exprime l’urgence de créer des sociétés sources d’un bien-être durable, engagées en faveur de l’équité en santé, aujourd’hui et pour les générations futures, dans le respect des limites écologiques.
Ces rencontres ont également surtout été l’occasion de s’interroger sur les moyens de s’organiser pour faire à ces impacts du changement climatique sur la santé.
La première étape pour lutter contre le changement climatique et ses conséquences est, bien sûr, de lutter contre le déni : à ce titre, ainsi que l’a suggéré Mathilde Pascal, chercheuse à Santé Publique France, passer par des groupes de discussion et d’action à l’échelle locale est une solution efficace
Ensuite, il convient de s’organiser collectivement, en particulier au niveau des villes et intercommunalités, qui concentrent une partie importante des populations et des risques d’exposition aux pollutions et aux effets du dérèglement climatique. Ce sont aussi elles qui détiennent les leviers pour agir sur une grande partie des déterminants de la santé (tel le milieu de vie – qualité de l’air, isolation des logements, urbanisme favorable à la santé…) et, ce faisant, pour atténuer les effets des transformations climatiques sur la santé (mentale). De plus, les décisions prises au niveau local ont un impact direct sur la vie quotidienne de la population, ce qui permet de sensibiliser et d’impliquer dans la lutte contre le changement climatique.
Néanmoins, l’intensification de telles actions par les villes et intercommunalités suppose une réelle décentralisation, ainsi qu’une augmentation de moyens financiers de plus en plus affaiblie – sans cela, les décisions prises au niveau national, y compris celles qui vont dans le sens de la protection de la santé et de l’environnement, ne peuvent pas être opérationnalisées par les collectivités qui doivent les mettre en œuvre.
Dans ces conditions, les dispositifs de contractualisation tels que les contrats locaux de santé et les CLSM doivent être financièrement dotés à hauteur des enjeux. Ces derniers, dans le champ de la santé mentale, sont l’instance la plus à même de décliner au niveau local des priorités nationales, en jouant le rôle d’interface entre tous les acteurs pertinents.
En somme, lutter contre le changement climatique est bénéfique pour la santé – ces bénéfices en termes de santé permettent selon le GIEC de compenser les investissements économiques nécessaires.