« Santé mentale dans mon quartier » : une première année plus qu’encourageante !
Cette nouvelle action du Centre, à destination des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a connu un franc succès pour la première année de son déploiement.
Initié en 2020 par le Centre national de ressource et d’appui aux CLSM, il a été pensé et construit par un collectif d’acteur·rices afin de répondre à des constats et besoins exprimés par les coordonnateur·rices des conseils locaux de santé mentale (CLSM) lors de l’épidémie de Covid-19.
Ce projet, sous la forme d’une animation de sensibilisation de 3h réalisée au sein d’un quartier, a pour objectif général de renforcer l’implication des acteurs clés des QPV dans le développement d’une stratégie locale sur la santé mentale, en :
- Sensibilisant à la reconnaissance de la santé mentale comme étant une problématique multidimensionnelle ;
- Encourageant l’implication des acteurs-clés des QPV dans une démarche d’attention et de prendre soin (care) ;
- Favorisant le décloisonnement et l’interconnaissance des acteurs clés des QPV ;
- Favorisant l’identification du CLSM.
Permettant un espace d’échange et de réflexion sur la santé mentale à destination de tous les acteurs-clés de la politique du quartier – habitant·es, élu·es, personnes concernées, professionnel·les du soin, de la prévention, du travail social, de la solidarité, etc. -, cette action est soutenue financièrement par l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) et la Direction générale de la santé (DGS), portée localement par les CLSM et déployée sur l’ensemble du territoire national depuis mars 2022.
En 2022, 104 séances de sensibilisation ont été réalisées, impliquant 35 CLSM (couvrant 56 communes et 111 QPV).
L’évaluation de l’action, basée sur les questionnaires distribués aux 1373 participant·es a permis de :
- Mesurer la satisfaction des participant·es concernant le format de la séance
Les participant·es ont souvent apprécié une atmosphère conviviale, avec des dynamiques de groupes qui mélangeaient de nombreux profils ; la bienveillance, la bonne humeur, la solidarité, l’entraide ont permis des échanges d’autant plus riches que les effectifs étaient volontairement limités (de 13 à 15 participants en moyenne). Ont été regretté toutefois la moindre participation de représentants de la psychiatrie, ou encore d’usagers et d’aidants, pourtant acteurs clés au sein des QPV.
En égard à l’animation, la pédagogie participative utilisée, permettant un échange libre et fluide, a plu aux personnes sensibilisé·es, de même que la clarté et l’accessibilité du propos, permises par une animatrice pédagogue, bienveillante, à l’écoute et compétente.
La durée, en revanche fait l’objet de critiques : les séances ont rarement duré les trois heures convenues et, quand bien même elles les atteignaient, ce format était jugé trop court.
Enfin, la qualité du contenu pédagogique et la cohérence avec les attentes a été jugée positivement. Systématiquement, le CLSM local était présenté, un tour de table effectué, et une grande variété de thèmes abordée. Si certains étaient initialement prévus – concept de santé mentale, déterminants de santé, posture bienveillante, etc. -, d’autres sont venus régulièrement enrichir les échanges : troubles psychiques, addictions, actions des CLSM…
- Vérifier que les objectifs du programme et ceux prévus par les CLSM sont bien atteints (efficacité)
Du côté des CLSM, Les coordonnateur·rices se réjouissent particulièrement de la mobilisation des acteurs dans une dynamique ainsi que de la rencontre des acteurs locaux permises par l’action. Ainsi, malgré les pistes d’amélioration possibles, l’action était bien adaptée aux besoins et attentes locales identifiées par les coordonnateur·rices
Du côté du programme, chacun des quatre objectifs spécifiques a fait l’objet d’une évaluation détaillée.
Le premier d’entre eux semble être le mieux atteint : les participant·e·s se sentent en capacité d’expliquer les enjeux à d’autres personnes et ont très souvent affirmé se sentir davantage concerné·e·s par la santé mentale, quand bien même cette dernière était déjà une préoccupation majeure pour la majorité d’entre elleux. L’atteinte du second objectif spécifique est corroborée par l’intérêt des participant·e·s à mieux maitriser la posture et relation d’aide : non seulement les participant.e.s ont bien identifié les éléments de posture favorisant une approche bienveillante, mais ils souhaitent également les développer davantage : sur les 651 besoins exprimés par ces derniers, 42% concernent le renforcement des connaissances et le développement de compétences pour agir en santé mentale (Formations sur les troubles psychiques, outils de repérages des signes du mal-être, formations PSSM, formation sur la posture d’aide, outils pour orienter, outils pour gérer une crise…)..
Enfin, les deux derniers objectifs spécifiques, quoique partiellement atteints – la capacité à choisir des ressources locales correspondant à leurs besoins, ainsi que la capacité à identifier les missions d’un CLSM- sont ceux qui ouvrent le plus de perspectives d’amélioration. De nombreux participant·e·s ont estimé ne pas en savoir encore assez sur les ressources locales ;
- Identifier de nouveaux besoins et des perspectives de travail
En définitive, l’analyse positive de l’efficacité et de l’efficience du projet « La santé mentale dans mon quartier » laisse entrevoir de nombreuses perspectives. Ces 104 séances ont permis aux acteurs des QPV de mieux appréhender les enjeux, d’identifier les leviers d’une dynamique de réseau favorisant une approche globale et collective de la santé mentale, de renforcer leur implication vis-à-vis de la santé mentale, ou encore de clarifier leur degré de connaissances et de compétences.
L’analyse des 651 besoins exprimés en fin de séances témoigne de l’intérêt à prolonger et renforcer l’action entreprise dans le cadre de « La santé mentale dans mon quartier », ainsi que de la pertinence du plaidoyer du Centre national de ressources et d’appui aux CLSM en faveur des QPV. Les besoins exprimés par les coordonnateur·rices sont d’ailleurs très similaires à ceux des participant.e.s : poursuite de la dynamique, développement d’actions, implication d’acteurs, etc.
Si l’on peut considérer cette première année comme très satisfaisante au regard des objectifs initialement fixés, plusieurs points seront à travailler lors de son déploiement en 2023 ; il faudra notamment renforcer la valorisation des missions des CLSM, renforcer la participation de la psychiatrie publique, des usagers et des aidants, ou encore renforcer le cahier des charges encadrant le déploiement du programme.
Vous trouverez le rapport complet ci-dessous.