Une large place donnée aux Conseils locaux de santé mentale (CLSM) lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie 2021

Annoncées dès janvier 2020 par le Président de la République, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie des 27 et 28 septembre 2021 ont marqué un moment historique du débat national. Réunissant l’ensemble des acteurs concernés dans un contexte épidémique ayant fragilisé non seulement les corps mais aussi les esprits, ce rendez-vous ambitionnait de dresser un état des lieux partagé de la prise en charge de la santé mentale des Français, de l’offre de soins en psychiatrie et de l’accompagnement qui leur est proposé.

Les CLSM et les principes qu’ils portent ont largement été abordés pendant l’évènement, notamment à travers la table ronde n°1 intitulée « Prévention, repérage et orientation de la souffrance psychique et du risque suicidaire. »

Pr. Franck Chauvin, président du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), « Pour une approche de la santé mentale par ses déterminants » :

Grand témoin de cette table ronde, le Pr. Franck Chauvin est revenu sur l’évolution de la prise en charge de la santé mentale et des troubles mentaux, encouragée par une prise en compte croissance des déterminants sociaux de la santé mentale dans notre compréhension de la santé mentale et de ses pathologies. Il insiste sur la nécessité de penser des prises en charge non pas centrée sur les soins mais globales. Il cite à ce titre Vivian Pender, présidente de l’Association américaine de psychiatrie :

« Selon l’OMS, la santé mentale d’une personne et de nombreux troubles mentaux courants, sont façonnés par divers environnements sociaux, économiques et physiques, intervenant aux différentes étapes de la vie. »

« En tant que psychiatre, nous savons comment traiter la maladie mentale, mais en plus de traiter la maladie, nous devons être conscients du contexte plus large dans lequel cette maladie est apparue et de la manière dont ce contexte a façonné le résultat de santé. »

Il explique que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande d’aller vers un modèle « bio-psycho-social » qui prenne en charge l’ensemble des déterminants de la santé et de la santé mentale tel que mis en avant par l’OMS, et indique que l’essentiel de la santé d’une population est lié à des déterminants qui échappent au système de soin. Le secteur non sanitaire a donc un rôle majeur à jouer dans la santé mentale d’une population.

Anne Terlez, « Préserver notre santé mentale face à la crise »

Anne Terlez, maire adjointe de Louviers en charge de l’action sociale illustre le propos en évoquant la création du Conseil local de santé mentale sur son territoire et les raisons de celle-ci. Selon elle :

  • Le CLSM répond à un besoin de partenariat et d’interconnaissance pour mieux prendre en charge les parcours : son premier objectif est d’animer un réseau de professionnels
  • Le CLSM est aussi un outil pour les personnes concernées (usagers et aidants) : il vise à accompagner les personnes en difficultés dans tous les aspects de la vie quotidienne

Elle revient sur les thématiques de travail issu du diagnostic territorial réalisé (logement, mobilité, insertion sociale et professionnelle, prévention, gestion des « cas complexes ») ainsi que les publics cilbes (les adolescents, les personnes qui relèvent du champ du social, comme les bénéficiaires du RSA, et les personnes âgées).

Enfin elle aborde la question de la nécessité d’évaluer à mi-parcours l’impact des actions (de long et court termes) menées par le CLSM de Louviers à la fois sur les bénéficiaires et sur les professionnels.

Pr. Jérôme Salomon : « Promouvoir la santé mentale tout au long de la vie, un enjeu de santé publique pour tous »

A travers son discours, Jérôme Salomon tenait à développer ce que l’approche globale de la santé déclinée depuis près de 4 ans dans la stratégie nationale de santé avait apporté de nouveau dans la manière de penser l’action publique en « parcours de santé » à tous les âges de la vie, partout sur le territoire et en tenant compte des déterminants agissant sur la santé.

Il y évoque notamment « l’impératif d’une action territorialisée au plus près du terrain des lieux de vie des Français » : « pour agir au mieux il faut penser de manière transversale et intégrée, agir de manière adaptée aux acteurs, aux populations et aux territoires ». Cette vision s’est traduit par des principes clairs inscrits dans la Feuille de route santé mentale et psychiatrie : privilégier l’ambulatoire, l’inscription dans les territoires, le rétablissement, le respect des droits, la parole et l’expérience des usagers – autant de principes au cœur de la philosophie des CLSM. Mettre en place des actions qui s’ancrent localement, s’appuient sur la concertation et impulsent des partenariats forts et des coopérations durables entre les services de l’État, les agences régionales de santé, les collectivités locales les associations et les usagers. Il souligne à ce titre le soutien de la DGS et de l’ANCT au développement des CLSM au travers de la création du Centre national de ressources et d’appui aux CLSM.  Pour agir au mieux il faut penser de manière transversale et intégrée, adaptée aux acteurs, aux populations et aux territoires

« [L’approche globale de la santé, déclinée depuis près de 4 ans dans une stratégie nationale de santé] a permis de mettre en œuvre des actions qui s’ancrent localement, qui s’appuient sur la concertation et qui impulsent des partenariats forts et des coopérations durables entre les services de l’état, les agences régionales de santé, les collectivités territoriales, les associations et les usagers, les professionnels pour promouvoir une approche positive de la santé mentale

Promouvoir une santé mentale positive c’est d’abord s’engager résolument dans la lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques et développer l’information en santé mentale au plus près des besoins de la population et des territoires.

Par exemple des actions ont été menées dans les quartiers prioritaires de la ville et au travers du soutien à la création de conseils locaux de santé mentale en partenariat avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires et le Centre collaborateurs OMS de Lille »

Il rappelle l’importance et la place des élus locaux, qui se traduit depuis 2020 par un partenariat actif avec l’Association des maires de France (AMF).

« La place des conseils locaux de santé mentale pour une action commune entre l’État et les collectivités territoriales »

Enfin, les CLSM ont également été largement cités et développés à travers l’intervention de Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS des Pays de la Loire et d’Isabelle Leroy, maire adjointe de Cholet

Jean-Jacques Coiplet a évoqué les quatre raisons pour lesquelles les CLSM sont selon lui essentiels pour une ARS :

  • « Le CLSM c’est rendre le parti du territoire. La réponse doit d’abord être locale, en proximité, au plus près des besoins des citoyens, dans un territoire qui est vécu ! »
  • « Le CLSM est d’abord un espace de démocratie participative et de codécision décloisonnées – tout simplement, c’est se mettre autour de la table, que l’on soit élu, représentant de la psychiatrie, aidant usager, on se met tous au même niveau. C’est compléter la psychiatrie par une approche de la relation social l’attention»
  • « Le CLSM c’est un mode de relation de confiance qui s’exprime par la contractualisation entre l’État, les ARS et les collectivités territoriales – c’est la formalisation et la reconnaissance de l’intelligence collective dans une démarche très horizontale »
  • « Le CLSM c’est certes de la réflexion mais c’est surtout et avant tout de l’action. »

Enfin, Isabelle Leroy illustrait de manière concrète quelle forme peut prendre un CLSM à travers l’exemple du CLSM de Cholet.

Revoir l’intégralité de la table ronde ici : https://vimeo.com/615235906/2549b597c3 (2h10)