Santé mentale et changement climatique : le dernier rapport du GIEC confirme une nette interdépendance – quelles pistes d’action ?
Depuis quelques années, les liens entre santé mentale et changement climatique sont de plus en plus soulignés, notamment à travers la notion d’éco-anxiété, qui toucherait environ 70% de la population française.
Publiée le 20 mars 2023, la synthèse du 6e rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) mentionne, à plusieurs reprises, les conséquences nécessairement négatives pour la santé mentale des différents aléas du changement climatique.
C’est d’abord le cas des épisodes caniculaires extrêmes. Si ces derniers favorisent la prévalence de maladies, ils ont aussi des effets dramatiques sur la santé psychique. En effet, des traumas résultent fréquemment de ces épisodes qui peuvent générer, chez les populations touchées, une perte des moyens de subsistance, et la fragilisation – si ce n’est la disparition – de leurs cultures.
Ce qui est vrai des épisodes caniculaires extrêmes l’est, selon le GIEC, de tous les aléas climatiques, qui poseront systématiquement des défis quant à la santé mentale des populations qu’ils touchent. Face à ce constat, le groupe appelle à une approche systémique en santé publique, en invitant les gouvernements à renforcer leurs programmes de santé publique liés aux maladies « favorisées » par les aléas climatiques, mais aussi à améliorer l’accès aux services de soins en santé mentale.
Ainsi, ce 6e rapport du GIEC s’inscrit dans le sillage des recommandations de l’OMS en matière de santé mentale face au changement climatique, qui avaient été déclinées dans une note d’orientation en juin 2022, peu après que le GIEC eut, pour la première fois, mentionné les effets délétères des aléas climatiques sur la santé mentale.
L’OMS insistait alors sur l’importance d’une prise de conscience internationale – selon une enquête menée par l’organisation en 2021 dans 95 pays, seuls 9 de ces pays avaient inclus la santé mentale et le soutien psychosocial dans leurs plans nationaux sur la santé et les changements climatiques ; dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 3 sur 4 n’ont pas accès aux services nécessaires, alors que près d’un milliard de personnes dans le monde sont atteintes d’un trouble psychique.
La note recommandait cinq approches que les pouvoirs publics doivent adopter pour faire face aux conséquences des changements climatiques sur la santé mentale :
- Intégrer les considérations climatiques dans les programmes de santé mentale
- Intégrer le soutien en faveur de la santé mentale à l’action climatique
- S’appuyer sur des engagements mondiaux
- Élaborer des approches communautaires pour atténuer les vulnérabilités
- Combler l’important déficit de financement dans le domaine de la santé mentale et du soutien psychosocial
La mise en place de ces approches, incluant parfois un changement total de paradigme en santé publique, revient à prendre en compte l’importance des déterminants environnementaux pour la santé physique et mentale et, plus globalement, à adopter une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire. Les CLSM, de par leur philosophie – approche communautaire et intersectorielle, centralité des déterminants sociaux, … – et leur champ d’action – le local – constituent des leviers incontournables pour faire face à ces nouveaux défis.