Le réseau français des Villes-Santé publie une note détaillant le rôle des villes en santé mentale 

Le réseau française Villes-Santé (RfVS), accrédité par l’OMS, y démontre le rôle capital qu’ont à jouer les villes quant aux déterminants de la santé (mentale).

Selon la définition de l’OMS, les déterminants de la santé sont les « facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent l’état de santé des individus ou des populations ». On estime, de fait, que l’environnement social et économique détermine 50% de l’état de santé ; le système de soins, 25% ; la biologie et génétique, 15% ; l’environnement physique, enfin, 10%.  Dans ces conditions, on perçoit bien le rôle joué par les villes dans la bonne santé (mentale) de leurs habitants, puisqu’elles ont le pouvoir de jouer sur l’immense majorité de ses déterminants. Le réseau Villes-Santé s’attache donc à détailler ces différents déterminants, ainsi que les actions concrètes à entreprendre pour construire des villes favorables à la santé mentale.  

Dans un premier temps, le RfVS détaille les répercussions de l’environnement physique, c’est-à-dire du cadre de vie, sur la santé mentale. Ainsi, il insiste sur les effets vertueux de la nature en ville – espaces verts et bleus, jardins partagés, animaux, végétalisation, etc. -, qui a des effets prouvés scientifiquement sur l’équilibre émotionnel et psychique. Est ensuite abordé le rôle du logement, qui doit assurer sécurité et intimité à ses occupants, le coût social et psychique des pollutions de tous types – qu’elles soient sonores, lumineuses, atmosphériques, etc. -, puis enfin l’enjeu des transports et de la mobilité, qui non seulement détermine largement les pollutions susmentionnées, mais participe aussi de l’inclusion dans les villes des personnes vulnérables. Agir sur toutes ces dimensions permet de construire un urbanisme favorable à la santé mentale. 

Dans un second temps, le RfVS observe le rôle de l’environnement économique et social, c’est-à-dire – en l’occurrence – du mode de vie, parmi les déterminants de la santé mentale. À ce titre, le lien social est d’une importance capitale : il affecte massivement la santé mentale et physique, et son absence se traduit somatiquement et psychiquement, que ce soit par une plus forte prévalence des maladies cardiovasculaires ou par un risque suicidaire plus élevé. Le soutien et la solidarité face à l’adversité, au même titre que le sentiment d’appartenance à un groupe, sont ainsi des déterminants essentiels de la santé. D’ailleurs, l’activité physique a les mêmes effets vertueux sur la santé : elle réduit le stress, l’anxiété et la dépression, tout en retardant l’arrivée de la maladie d’Alzheimer. Les villes ont de fait un rôle important à jouer ici : de la même manière qu’elles peuvent favoriser le lien social en renforçant le tissu associatif, par exemple, elles peuvent favoriser l’activité physique en construisant un urbanisme propice à celle-ci.

Par ailleurs, les villes ont un grand rôle à jouer quant à l’accès à une alimentation saine et durable, ne serait-ce que par le levier de la restauration collective, dès lors qu’alimentation et santé mentale sont intimement liées. Enfin, si l’école doit être un lieu de sensibilisation à la santé mentale dès le plus jeune âge, l’accès à l’art, à la culture, à une riche vie citoyenne et à l’information et à la formation en santé mentale sont également fondamentaux dans une approche globale de la santé mentale. Tout cela relève des prérogatives de la ville. 

Le dernier temps de la note est consacré à l’accès aux soins en santé mentale, sur lequel la ville dispose de leviers d’actions. Si elle ne peut agir sur l’offre de soins à l’heure d’une importante pénurie médicale, elle peut en revanche s’impliquer dans la prévention, voire dans la « première ligne » des soins. Dès lors qu’elle dispose d’un important réseau d’acteurs et d’établissements accueillant du public dont elle a la gestion, la ville est un levier idéal pour créer des synergies entre acteurs dans le champ de la santé mentale. À ce titre, les ateliers santé ville (ASV), portés par la politique de la ville, les contrats locaux de santé (CLS), ou encore les conseils locaux de santé mentale (CLSM) sont autant de dispositifs qui permettent une action des villes à ce sujet, et la déclinaison territoriale de priorités fixées au niveau national. 

En somme, dès lors qu’elles concentrent la majorité des déterminants de la santé mentale, les villes ont, à différents niveaux – cadre de vie, mode de vie, accès aux soins, etc. – un rôle capital à jouer en santé publique, et sont pour cette raison l’échelon idéal pour la mise en œuvre de politiques plus larges dans ce domaine.  C’est bien là tout l’intérêt des CLSM, qui visent à articuler les ressources locales en santé mentale, à œuvrer à la coordination entre les acteurs locaux de celle-ci- une approche systémique qui vise à agir sur les déterminants de la santé susmentionnés. 

Enfin, les deux « appels » de Nantes de 2022 ont montré que cette vision systémique de la santé mentale que nous portons, et qui est portée par le RfVS, commence à faire son chemin. Le premier a été lancé à l’occasion de la journée nationale des CLSM, le 30 novembre, par l’Association des maires de France (AMF), Intercommunalités de France, Élus, santé publique et territoires (ESPT), France Urbaine, le Réseau des Villes-Santé de l’OMS – tous ont appelé à la création des CLSM sur tous les territoires du pays. Le second, à l’occasion du colloque international « Villes et santé mentale », le 2 décembre, a été signé par une dizaine de villes et métropoles françaises (telles que Marseille, Avignon, Lyon, Nancy, Paris, Rennes, Besançon, Rouen, Avignon… ou encore Seattle aux États-Unis, Ouagadougou au Burkina Faso et Abidjan en Côte d’Ivoire) et par des réseaux d’élu·es locaux précités. Les villes signataires se sont alors engagées à se mobiliser pour déstigmatiser les troubles de santé mentale, décloisonner l’action en santé, agir concrètement à travers les politiques publiques, et interpeller leurs gouvernements respectifs. 

Vous pouvez retrouver la note dans son intégralité ici